Histoire et situation politique de la retraite en France
Les premières mesures de retraite remontent au ministre Colbert par une retraite dans la marine royale. Jusqu'en 1945, on travaillait jusqu'à la mort. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l'assurance retraite est devenue une institution cadrée qui a évolué. Nous sommes confrontés au vieillissement de la population, le système a évolué. Rappelons les périodes:
I/ Avant 1945 : les 1ers régimes de retraite
La première retraite est celui des marins remonte à Louis XIV. En 1910, on s'efforce d'établir en France un régime de retraite pour les plus démunis. Sans succès.
La période de 1928 à 1930, certains politiques iront dans ce sens, sans résultats non plus.
La première allocation en 1941 fut créé pour les veux travailleurs salariés d environs 80 ans. C est l'ancêtre du minimum vieillesse.
À partir de 1945, c est le Bazard : plusieurs régimes commencent à coexister mais de façon disparate. La majorité de la population n'est pas couverte face au risque vieillesse.
II / Après 1945
1945, c est la naissance de la Sécurité sociale.
En octobre 1945, les ordonnances créent la Sécurité sociale, l'assurance vieillesse en constitue l'une des branches. Les autres branches sont : la maladie, la famille, les accidents du travail.
Le régime général des retraites est composé. A l'époque; cela concerne tous les salariés du secteur privé (hors agriculture).
Le principe est de créer un système unique pour tous qui fonctionne par répartition : les cotisations des actifs servent à financer les pensions des retraités la même année. À l'époque, l'âge minimum pour percevoir une retraite complète est fixée à 65 ans. Cependant, certaines professions conservent leur propre régime : c'est l'origine des régimes spéciaux.
a) 1947 : création de l'Agirc (Association générale des institutions de retraite des cadres)
L' Argic suit également un fonctionnement par répartition. Ce régime dédié aux cadres, s'ajoute au régime de base de tous les salariés. Il fonctionne en points. En 1949, les professions indépendantes se dotent de leur propre caisse de retraite. C est la création des caisses de retraite des professions indépendantes. Elles sont au nombre de 3 :
- la CNAVPL (Caisse nationale d'assurance vieillesse des professions libérales)
- la Cancava (Caisse nationale de compensation d'assurances vieillesse des artisans)
- l'Organic (Organisation autonome nationale d'assurance vieillesse de l'industrie et du commerce)
Et c est en 1956 qu'on crée le minimum vieillesse Ce dispositif est réservé aux personnes âgées de plus de 65 ans, financé par l'impôt et géré à l'époque par le Fonds national de solidarité qui deviendra, en 1993, le Fonds de Solidarité Vieillesse .
b) 1961, création de l'Arrco (Association pour le régime de retraite complémentaire des salariés) elle coordonne la retraite complémentaire pour l'ensemble des salariés du privé – cadres et non-cadres. Les cadres conservent en parallèle une retraite complémentaire à l'Agirc. Comme l'Agirc, les pensions Arrco s'ajoutent à la retraite du régime de base et ce régime fonctionne en points.
c) en 1971, la réforme Boulin est une réforme qui vise à relever sensiblement le niveau des pensions pour mieux partager les fruits de la croissance des 30 glorieuses. Les règles retraites du régime général sont modifiées en fonction de calculs:
- La retraite complète à taux plein à 65 ans passe de 40 % à 50 % du revenu des 10 meilleures années (et non plus des 10 dernières). En retour, la durée d'assurance requise pour pouvoir en bénéficier est allongée de 30 à 37,5 ans (120 à 150 trimestres).
d) en 1972, la retraite complémentaire devient incontournable. L'affiliation à un régime de retraite complémentaire soit a l Argic soit a l Arcco devient obligatoire pour les salariés et anciens salariés de l'agriculture. La retraite a désormais 2 volets : la retraite de base et la retraite complémentaire.
e) en 1982, François Mitterrand applique son programme, la retraite a 60 ans sous réserve d'avoir cotisé 37,5 ans. Cette mesure instaure un « droit au repos que les travailleurs sont fondés à revendiquer en contrepartie des services rendus à la collectivité à l'issue d'une durée de carrière normale ».
III/ développement de la retraite des années 90 a aujourd'hui
En 1991, dans le livre préfacé par le premier ministre de l'époque Michel Rocard, " le livre blanc sur les retraites" pose pour la 1re fois la question des conséquences du vieillissement de la population sur l'équilibre du système de retraite. Pour réformer les régimes de retraite, plusieurs pistes de réformes sont proposées :- l'allongement de la durée de référence de cotisation pour le calcul des pensions au-delà des 10 meilleures années.
- l' indexation des pensions sur les prix ;
- la création de mécanismes de retraite supplémentaire par capitalisation.
Par la suite, ces propositions ont été mises en œuvre et servent de base à la réflexion contemporaine de la nouvelle réforme du système des retraites.
- l'allongement progressif de la durée d'assurance requise de 37,5 ans à 40 ans (soit 150 à 160 trimestres)
- un changement du mode de calcul des pensions, pour le calcul des retraites qui passe des 10 meilleures années de salaire aux 25 meilleures années.
- l'indexation des pensions versées aux retraités sur les prix et non plus sur les salaires .
- le Fonds de solidarité vieillesse (FSV) prendrait en charge l'ensemble des dépenses de solidarité (minimum vieillesse, prise en compte des trimestres de chômage, majoration pour enfants à charge...).
En 1999, c est la création du Fonds de réserve des retraites par le gouvernement Jospin I aide le système pour affronter le choc démographique du papy-boom. Pendant que la génération du baby-boom est toujours active, il en retire des sommes afin de « lisser » le choc financier. Il est alimenté par une taxe sur les revenus du patrimoine et des placements, et par des dotations exceptionnelles.
- l'allongement de la durée de cotisation à 41 ans (164 trimestres)
- l'alignement de la durée de cotisation du public sur celle du prive
- l'instauration d'un système de surcote pour encourager le report de la date de départ à la retraite
- la création de nouveaux produits d'épargne retraite par capitalisation
- une mise en place de rendez-vous tous les 4 ans pour décider de l'évolution future du système en fonction de l'accroissement de l'espérance de vie
- une création de la Retraite additionnelle de la fonction publique (RAFP).
Les régimes spéciaux s'alignent sur le régime de la fonction publique avec un mécanisme de surcote / décote est instauré.
Pour le calcul de la pension, la période de référence devient les 6 derniers mois de carrière au lieu du dernier mois. La revalorisation des pensions est indexée sur les prix et non plus sur les salaires.
En 2014, la réforme Touraine de 2014 prévoyait :
- l'instauration d'un compte pénibilité permettant de partir plus tôt à la retraite
- un nouvel allongement progressif de la durée d'assurance à 172 trimestres
- un abaissement de la valeur de 1 trimestre à 150 Smic horaire brut
- de nouvelles possibilités de rachat de trimestres
- la fin de l'ouverture de nouveaux droits à la retraite (issus des cotisations versées) dans le cadre d'un cumul emploi retraite.
- revenir en 1945 la retraite a 64 ans pour les générations nées à partir de 1968
- l'ajout de 2 seuils d'âge dans le dispositif carrière longue (avant 21 ans et avant 18 ans) ;
- l'accélération de la durée de cotisation prévue par la réforme Touraine de 2014, avec 172 trimestres à valider pour la génération 1965 et les suivantes
- l'assouplissement du rachat de trimestres
- la retraite égale à 85 % du Smic net (au moins) en cas de carrière complète au Smic à temps complet
- la suppression de 5 régimes spéciaux (RATP, Banque de France, Clercs et employés de notaire, Industries électriques et gazières, Conseil économique, social et environnemental
- la création de l'Assurance vieillesse des aidants.
Résumé:
En 1945 avec la création de la Sécurité sociale qu'est véritablement né le système français de retraite. En 1956 le minimum vieillesse est mis en route, octroyé sans conditions de ressources. En 1991, "le Livre blanc" sur les retraites préface du premier ministre de l époque Michel Rocard, ouvre un cycle de réformes visant à prendre en compte les conséquences du vieillissement.
Les réformes de 1993, 2003, 2010 et 2014 ont conduit à allonger la durée d'assurance, la base de calcul de la retraite et les conditions du secteur public et des régimes spéciaux sur le privé ce sont pratiquement les mêmes. En janvier 2019, la fusion des caisses de retraite complémentaire des salariés du privé Agirc et Arrco en un régime unifié « Agirc-Arrco ».
En 2023, la réforme des retraites a reculé l'âge de départ à 64 ans pour les générations nées à partir de 1968. Elle a accéléré la réforme Touraine de 2014 : les générations nées à partir de 1965 et qui pourront partir à 63 ans et 3 mois, et doivent cotiser 172 trimestres pour un taux plein (pour les amies ayant élevé leurs enfants, notre retraite sera à 94 ans).
IV / La retraite et les jeunes
En France, 43 % des 18-24 ans et 46 % de leurs aînés âgés de 25 à 34 ans déclarent épargner pour améliorer leur retraite ( l'ensemble de ce ratio est de 47 %) . En règle générale, les jeunes ont des capacités d'épargne moindres que leurs aînés. Les 18 à 35 ans ne diffèrent guère de nous, les "vieux actifs". Ils souhaitent partir le plus tôt à la retraite, en étant conscients que cela sera difficile. Comme nous, ils craignent que le système de retraite ne réponde pas à leurs besoins compte tenu de l'évolution du nombre de retraités. Et différemment de nous, ils sont favorables à la retraite par capitalisation, pourtant ils sont limités au niveau de leur capacité d'épargne. Pour les jeunes, la durée de cotisation requise pour obtenir une pension « à taux plein » (sans décote) n'a pas augmenté. Et pour beaucoup, quand on rentre sur le marché du travail a 23 ou 27 ans, 43 ans pour obtenir la retraite; cela paraît loin. Les " seniors actifs » continuent donc de travailler ce sont des retraités de moins de 72 ans et les retraités de 72 ans ou plus (72 ans étant l'âge médian des retraités dans une activité tertiaire)
V/ Les retraités en complément d'activité
Il y a 13 % des nouveaux retraités en 2023 ont repris une activité professionnelle, par choix ou par nécessité financière, selon une étude de l'Insee sur la situation des seniors sur le marché du travail.
L'emploi retraite permettrait aux retraités concernés de majorer de 50 % leur pension de retraite, d'après une autre étude réalisée par l'Agirc-Arrco.
Ces deux études permettent de dessiner le profil des seniors qui font valoir leurs droits à la retraite et reprennent une activité professionnelle juste après. On remarque ceci : les seniors restent de plus en plus longtemps en activité
Selon l'Insee, la participation des seniors actifs augmente régulièrement au cours des dernières années en raison des réformes des retraites, dont celle mise en œuvre à compter de 2023, qui repoussent le départ à la retraite. Un tiers des personnes en emploi ont plus de 50 ans, contre un cinquième au début des années 2000. Et contrairement a ce qu' on peut voir, le taux de chômage des seniors reste inférieur à la moyenne : de 4,9 % pour les 55-59 ans et de 6,4 % pour les 60-64 ans, contre 7,3 % pour l'ensemble des classes d'âge en 2023.
Avec l âge, la part des seniors sur le marché du travail diminue: 81 % des personnes sont en emploi a 55 ans, à 61 ans cela se situe à 53 %. A 61 ans, 23 % des personnes sont à la retraite. A 69 ans, 91 % des personnes le sont. De cette promotion d âge, 6 % sont en activité professionnelle, pour la majorité en cumul emploi retraite: en 2023, 13 % des nouveaux retraités cumulent emploi et retraite et ont repris une activité au bout de 6 mois d inactivité pendant que 87 % des 50 à 74 ans ont complètement cessé de travailler dès leur départ en retraite.
Les personnes qui cumulent emploi retraite, sont environ 18 % en 2024. C est un tiers des indépendants notamment en raison du délai de vente du capital professionnel, immobilier ou foncier à la suite du départ en retraite: 42 % des professions libérales continuent à travailler, 33 % des commerçants, 25 % des artisans et 23 % des agriculteurs. C est 10% des cadres continuent de travailler après leur départ à la retraite, davantage les cadres , 12 % sont des employés et 7% ouvriers.
La nécessité financière, pour percevoir un revenu complémentaire représente 38% de cette population . Les 2/3 de ces retraités sont salariés, ouvriers, employés et exerçant une profession intermédiaire. Les retraités concernés doivent faire face à des charges financières : remboursement de crédit immobilier ou statut de locataire, enfant à charge…
Les indépendants et les salariés cadres évoquent davantage le motif du travail comme une évasion du quotidien. Ils sont plus souvent diplômés du supérieur, ayant fini leurs études plus tardivement et ayant donc pris leur retraite plus tard (63 ans ou plus).
En règle générale, le salaire perçu en cumul emploi retraite permet de multiplier par 1,5 leur revenu. En 2022, 381 000 retraités soit 3,1 % de l'ensemble des retraités de droit direct (hors pension de réversion) du régime de retraite complémentaire du secteur privé était dans ce cadre précis. En moyenne, un salarié en situation de cumul emploi retraite perçoit chaque mois pension de 1 755 € brut (dont 560 € de pension complémentaire). Le salaire moyen de sa nouvelle activité est de 923 € bruts par mois. Ce qui lui permet de percevoir 2 678 € bruts par mois.
Ce sont des études, et tout le monde le sait la réalité est autre.