Culture et déficit
Sans surprise, le ministère de la Culture est l'un des plus touchés par les réductions budgétaires. Initialement annoncé par l'ex-ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, à 4 466 millions d'euros, le budget de la Culture (hors audiovisuel public) pour 2024 subit finalement une baisse de 4,5 %201 millions d'euros (soit 83 % des 241 millions supplémentaires annoncés en septembre) sont retirés en termes d'autorisations d'engagement et de crédits de paiement. Par rapport à l'année précédente (4225 millions d'euros en 2023), le budget de la culture n'augmente finalement que de 1% au lieu des 6% en septembre.
Les secteurs les plus durement touchés par cette réduction sont ceux dédiés au patrimoine (moins 100 millions d'euros) et à la création (moins 96 millions d'euros). Heureusement, le programme consacré à la transmission des savoirs et à la démocratisation de la culture, qui inclut le pass Culture, ne subira aucune baisse.
Pourquoi la création est impactée dans le spectacle vivant?
La création dans le spectacle vivant se trouve confrontée à un défi majeur : trop de créations et pas assez de diffusion. Ce déséquilibre est pointé du doigt par la Cour des comptes, qui souligne une politique de l'offre qui peine à atteindre ses objectifs de démocratisation et de diffusion.
En résumé, il y a une abondance de spectacles, mais ces derniers sont moins fréquemment représentés devant un public encore peu diversifié
Malgré l'absence de bases de données fiables et exhaustives, plusieurs études confirment ce constat d'une trop faible diffusion des spectacles et des œuvres du spectacle vivant. Par exemple, entre 2017 et 2019, un spectacle moyen est donné environ quatre fois dans les Centres dramatiques nationaux (CDN), tandis que dans les Centres de développement chorégraphiques (CDCN), un spectacle de danse est représenté à peine plus de deux fois.
Cette situation ne fait que se dégrader, et les professionnels du secteur reconnaissent qu'il y a un problème systémique. Certains estiment qu'il y a tout simplement trop de spectacles, tandis que d'autres soulignent la nécessité de produire mieux et de laisser à la création la latitude nécessaire pour être libre et impertinente
Le système institutionnel français encourage la production, notamment chez les jeunes talents. L'aide au projet reste ponctuelle, mais entre cette étape et le conventionnement, il faut produire. Cependant, trop peu de spectacles bénéficient d'un temps de répétition et de calage technique suffisant sur les plateaux. La question de la diffusion et de l'accès à un public plus large reste donc cruciale pour l'épanouissement de la création artistique dans le spectacle vivant.
Article CDN
Trop de créations, pas assez de diffusion ? La danse face à un dossier brûlant | CN D Magazine
Le Monde
La Cour des comptes s'inquiète de la diffusion du spectacle vivant (lemonde.fr)